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1er bilan : janvier 2018
[edit]Les chiffres présentés dans son bilan sont issus d'une collecte de données disponibles réalisée en décembre 2017.
Problème de définition
[edit]Lors du dressage de ce bilan, j’ai longtemps eu des difficultés à définir son objet, ainsi que ses perspectives ; à cause de cela j'ai eu à me reprendre plusieurs fois. À l’origine j’essayais de distinguer des actions au sein d’un projet global et de les lier ensemble. Dès lors le projet s’avérait être mal défini, avec deux types d’actions : les actions liées à des institutions culturelles GLAM, et les actions spécifiques menées au sein d’un projet GLAM.
En réalité, le projet GLAM n’est qu’esquissé avec un manque certain de définitions, d’objectifs clairs, et de perspectives. On remarque même que la définition des actions GLAM a changé au cours des années : les actions où Wikimédia France et/ou des wikimédiens assistent des institutions GLAM dans le partage de leurs ressources et la contribution, ponctuellement ou sur le long terme, sont peu à peu devenues minoritaires face à des projets-actions extérieurs au projet GLAM mais quand même compris dans celui-ci, dans sa gestion.
Il est trompeur d’inclure les actions et projets liés à des institutions GLAM à la gestion de ce projet. Si ceux-ci sont considérés a posteriori comme des « portes d’entrée », un moyen d’approcher les institutions afin de les faire participer au projet, ils n’ont à l’origine aucun lien avec ce dernier car chacun a été entrepris dans une démarche particulière, des objectifs particuliers, parfois très éloignés de ceux du projet GLAM, c'est-à-dire la contribution aux projets Wikimedia ; pour beaucoup, la collaboration se limitait à la mise à disposition d’une salle de travail et de quelques ouvrages. Les mettre en perspective ne participe en fait qu’à une grande confusion entre le projet GLAM et les projets-actions liés à des institutions GLAM. Faut-il néanmoins prendre en compte les actions extérieures au projet mais avec une démarche et des objectifs similaires ?
Ce bilan a donc deux objets distincts : - la définition et l’état de développement du projet GLAM ; - l’état de ces portes d’entrée ;
Il s’attarde à cibler les problèmes de définition et de perspectives, les problèmes de gestion du projet ainsi que les manques qui en résultent. L’objectif est de dégager des idées pour une meilleure organisation du projet et de nouveaux outils pour sa gestion.
Des collaborations éphémères
[edit]Les actions liées à des institutions GLAM sont souvent indépendantes du projet GLAM : ce sont des initiatives de Wikimédia France ou de wikipédiens, avec des logiques, des démarches et des objectifs propres. Certaines de ces actions font d’ailleurs partie d’autres projets, comme le projet Les Sans PagEs. Il est alors logique que l’écrasante majorité des actions menées ne soient pas renouvelées ; puisque ce n’est pas leur but. Aussi, il faut distinguer les actions extérieures au projet, mais tout de même incluses car avec une démarche similaire : mais encore une fois, ces actions n’ont pas forcément les mêmes objectifs.
De plus, il est difficile de savoir si ces actions ont contribué, ou pas du tout, à poser les bases de collaborations à plus longs termes. On ne sait pas à quel point la porte d’entrée est ouverte. C’est encore une fois logique, puisque ces actions n’ont pas toujours, dans leur organisation et leur déroulement, pour objectifs d’approcher le personnel des institutions ou de valoriser les contenus versés. Et cela explique aussi pourquoi ces éléments sont absents des comptes rendus de ces projets-actions, et sont donc difficilement évaluables.
On note que jusqu’à présent, le mode de gestion et de collecte de données semblent résulter d’une vision quantitative du projet : une multitude d’actions a été organisée sans se soucier de suivi, de valorisation ou d’évolution des partenariats ; il manque une stratégie au projet. Peut-être faut-il réduire le nombre de projets-actions pour se concentrer sur quelques-uns, réussir à passer l’étape de la porte d’entrée, et accumuler de meilleurs résultats et de l’expérience. On peut aussi entrevoir une vision événementielle voire spectaculaire (litt.) du projet : beaucoup d’actions ont été organisées avec des “chef de projet nouveaux médias” “chargée de projets web et nouveaux médias” “chargés de l’action culturelle et numérique” “community manager et chargé de communication digitale” “ responsable des médias sociaux”, il en découle que les actions ont été présentées comme des événements et des innovations (cf. l’analyse des éléments de discours), ce qui montre que l’ambition n’était pas de construire des collaborations sur le long terme ; il aurait certainement fallu tisser des liens plus discrets mais plus pérennes avec le personnel documentaliste qui est finalement le premier concerné par le projet GLAM et le plus à même de saisir l’intérêt de porter un tel projet sur le long terme.
On peut distinguer les projets-actions impulsés par des wikipédiens, et ceux impulsés par Wikimédia France avec un partenariat conventionné. Le projet GLAM n’est mentionné que dans une seule convention ; puisque pour éviter d’effrayer le partenaire on l’implique petit à petit grâce à d’autres projets. Mais cette logique a aussi ses limites. D’abord, parce que la convention devient confuse et abstraite (cf. analyse des éléments de discours). Puis les participants aux actions organisées, d’après leurs retours d’expérience, ne savent pas dans quel but précis ces actions sont menées, ce qui constitue un réel inconvénient dans leur organisation, leur déroulement et leurs résultats.
L’ensemble des ces actions apparaît alors comme un simple annuaire d’institutions culturelles GLAM. La plupart des collaborations sont trop anciennes pour espérer les faire évoluer sans tout reprendre depuis le début. Quant aux plus récentes, elles ont donc pour beaucoup des démarches et des perspectives propres, et le projet global GLAM reste assez mal défini et dépourvu de perspectives au-delà de cette étape d’approche. Que faire ensuite ?
Il faut aussi se demander si les projets Wikimedia, dans leurs formes et leurs fonctionnements, peuvent accueillir au mieux le personnel institutionnel participant au projet GLAM et leurs contributions ; ou s’il serait possible de faciliter et de supporter davantage l’implication des personnels à ce niveau-là.
Statistiques générales
[edit]Il est difficile de réunir et de quantifier des données sur les actions GLAM à cause de leur absence ou de leur dispersion. De plus, le manque de continuité et d’uniformité du mode de gestion des projets, ainsi les problèmes de définition du projet et de ses objectifs – de critères d’échec et de succès, d’indicateurs – et l’absence de système standardisé de retours empêchent une mise en perspective pertinente des résultats. Ses chiffres ne représentent pas donc pas une réalité, ce sont simplement les données qui ont pu être recueillies.
Il est également difficile de retrouver les actions menées puisqu’elles ne sont pas toutes référencées, ou ce référencement se trouve dispersé sur plusieurs pages de la sphère Wikimedia.
Ces données statistiques sont donc extrêmement lacunaires.
Général :
- 115 actions GLAM recensées (mises à part les 34 éditions des ateliers féministes de Nantes)
- 85 institutions différentes
Institutions :
9 archives dont
- 1 archives nationales
- 4 archives départementales
- 4 archives municipales
35 bibliothèques/médiathèques dont
- 1 Bibliothèque nationale
- 6 BU
- 4 bibliothèques de musée
- 24 bibliothèques/médiathèques municipales
26 musées dont
- 4 « galleries » (beaux-arts)
- 3 musées d’art
- 2 musées d’art contemporain
- 3 musées d’histoire naturelle
- 6 musées d’histoire et archéologie
- 2 musées d’histoire et art
15 divers (collections d’université, conservatoires botaniques, CCSTI, monuments historiques…)
Thèmes les plus récurrents :
- Art
- Patrimoine
- Femmes et minorités de genre
Années :
- 2010 : 3 actions
- 2011 : 1
- 2012 : 5
- 2013 : 6
- 2014 : 21
- 2015 : 14
- 2016 : 23
- 2017 : 22
Conventions : 54
Géographie : https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/carte-glam_189284#7/47.006/3.279 (Plus le point d’une ville tend vers le cyan, plus il y a eu des actions)
Actions renouvelées : 11
- 2 éditions : 4
- 3 éditions : 2 (Festival d’Avignon, Musée des beaux-arts de Lyon)
- 4 éditions : 1 (Art+Féminisme)
- 5 éditions : 1 (Musée du Quai Branly)
- 6 éditions : 1 (« Femmes de science » à la Cité des sciences et de l’industrie)
- 8 éditions : 1 (Archives municipales de Sevran)
- 34 éditions : 1 (Ateliers « Femmes et féminisme » de Nantes)
71 journées contributives
Projets utilisés :
- Wikipédia et Commons (essentiellement)
- puis Wikisource, Wiktionnaire, Wikidata (très rarement)
Au-delà de ces quelques informations, il est impossible de tirer des conclusions générales sur le plan statistique. Néanmoins, il est possible d’analyser quelques cas intéressants.
Des actions reconduites
[edit]On peut s’intéresser aux actions qui ont été reconduites voire qui ont construit des collaborations de fond, et analyser les facteurs qui ont permis cela.
D’abord on remarque que parmi les actions les plus répétées, plusieurs ont pour thème les femmes, le féminisme, et les minorités de genre. L’événement « Femmes de science » compte 6 éditions, « Art+Féminisme » 4, et les ateliers « Femmes et féminisme » de Nantes se sont à ce jour tenus 34 fois au total (2 fois par mois). Si ce thème fonctionne particulièrement, c’est d’abord parce qu’il s’inscrit dans une démarche politique aux enjeux importants et qui suscite une forte mobilisation aussi bien des institutions, des wikimédiens, que du grand public : par exemple, Art+féminisme mobilise plusieurs centaines de participants à chacune de ses éditions. En plus de l’aspect contributif, l’événement à une visée sociale et politique. Aussi, Wikimedia Foundation et Wikimédia France sont engagés dans cette démarche, et ils s’efforcent à organiser ou mettre en avant des initiatives sur ce thème. Par ailleurs, si les ateliers « Femmes et féminisme » de Nantes se tiennent aussi régulièrement, c’est aussi grâce à l’Espace Simone de Beauvoir qui accueille spécifiquement des associations et des événements féministes, et à la mobilisation des participant·e·s.
On remarque aussi très clairement les actions des cabales bretonne et lyonnaise. Si les actions organisées ont des thèmes plus classiques et sont moins mobilisatrices, les actions sont reconduites pour des raisons facilement repérables.
D’abord, les groupes sont constitués de wikimédiens expérimentés et très impliqués, et font preuve d’une organisation efficace. Ils sont eux-mêmes en contact avec les institutions, contact qu’ils tâchent de maintenir. Leur expérience fait que les ateliers organisés utilisent plusieurs projets Wikimedia voire plusieurs langues, ils contribuent en utilisant l’ensemble des fonctionnalités des outils et ne manquent pas d’innover pour fournir un travail très complet.
Mais la différence la plus notable se trouve dans la continuité, le suivi et la mise en valeur du travail. Les articles sont améliorés sur de longs mois après les actions, et entretenus ponctuellement longtemps après. Les fichiers versés lors des actions organisées par ces deux cabales ont aussi une forte visibilité et les plus forts taux de réutilisation(1), puisque ces fichiers sont correctement catégorisés avec des métadonnées bien rentrées, et la plupart sont incorporés à des articles ou sont à l’origine de la création de nouveaux articles qu’ils illustrent.
L’organisation, la proximité, et le travail de valorisation des contributions de ces groupes doivent certainement convaincre les institutions de mettre en place et de renouveler des collaborations. Les groupes locaux sont chacun en contact avec des institutions culturelles : parce que des membres y travaillent, parce qu’une action y a déjà été menée, parce qu’ils s’y réunissent, parce qu’ils prennent l’initiative de les approcher. Les interlocuteurs ne sont pas des membres des directions, mais des conservateurs, des documentalistes, toujours impliqués dans les actions organisées.
(1) Par exemple, les 511 photos du conservatoire botanique national de Brest sont à 65 % réutilisées, et vues en moyenne 3 500 fois par jour.
Analyse des éléments de discours
[edit]Les éléments de discours ici présentés proviennent très majoritairement de Wikimédia France, des conventions signées avec les partenaires et un peu des articles de son blog. Les pages projet, les fiches action, le discours des participants ou les articles de presse n’évoquent jamais la démarche et les perspectives du projet GLAM ; ils se limitent aux actions ponctuelles organisées, le plus souvent des journées contributives.
Dans l’ensemble, le langage est trop politique, pas assez concret. Les arguments sont trop généraux et le discours ne s’inscrit dans aucun contexte plus large que lui-même.
Aussi, les expressions et les termes employés varient énormément entraînant une grande confusion. Il serait préférable d’éclaircir et de stabiliser le lexique utilisé.
Le dialogue
[edit]La typologie de ces éléments de discours montre d’abord un problème de définition de l’interlocuteur, problématique lors de l’élaboration des argumentaires. Lorsque celui-ci est identifiable, il s’agit très souvent de la direction de l’institution, en toute logique car elle est la signataire ; le discours et les arguments s’adaptent alors. Le discours ici relevé, son ton et l’interlocuteur, sont donc définis le type du document et par ses enjeux.
Si le discours est orienté vers la direction des institutions, le dialogue se montre également asymétrique. Le rôle et les apports de Wikimédia France sont détaillés, alors que ceux du partenaire GLAM sont abstraits et peu développés.
L’argumentaire
[edit]L’argumentaire est construit autour de 4 arguments principaux ; ainsi qu’autour de l’utilisation des expressions : « valorisation », « numérique », « ressources », « diffusion », et « visibilité ».
L’un des plus récurrents est celui des « nouvelles compétences et nouveaux outils », distinctement pour le personnel et pour l’institution. Pour le personnel, on met en avant l’innovation et l’acquisition de compétences au sein d’une évolution de la fonction documentaire. Pour l’institution, on met en avant le potentiel de la dimension numérique (création d’une « stratégie numérique », participation à « un écosystème numérique ») quitte à lancer de plates banalités en guise d’arguments : « le numérique peut nouer une autre relation avec le grand public car ce champ est investi de manière familière et quotidienne par un grand nombre de personnes ». Il y a une véritable insistance sur la nécessité du numérique.
Tout aussi récurrent : la promesse de diffusion et de visibilité, du site, de la base de données en ligne, des fonds documentaires, d'écho médiatique… Mais cet argument n’est jamais développé concrètement : « construction d’une visibilité de l’institution, indispensable dans l’économie de l’attention qui caractérise l’environnement numérique aujourd’hui ».
Plus rares, il y a les arguments faisant appel à la mission des institutions et de leur personnel. La participation du partenaire n’est alors plus présentée comme l’intégration d’une nouvelle dimension innovante à ses missions, mais comme une simple extension : « s’afficher comme centre de ressources également sur les projet Wikimedia »
On remarque aussi parfois la présence d’un argument orphelin, jamais développé et totalement abstrait : « faire partie d’un projet collaboratif et d’animation du territoire ».
Les perspectives
[edit]Le discours présente au total 5 perspectives aux partenariats avec les institutions GLAM. Mais là encore, on remarque un grand déséquilibre car seule une d’entre elles est réellement développée et concrète, voire elle se retrouve seule perspective dans de nombreux documents. Cette perspective c’est l’enrichissement des projets Wikimedia grâce aux versements. Les autres perspectives sont : la contribution autonome, la formation des équipes, la valorisation/diffusion des versements, et l’organisation autonome de projets. Toutes ces dernières perspectives sont vaguement et rarement évoquées. Cela révèle nettement un problème de définition et de concrétisation des perspectives : il faut se projeter au-delà de la première étape.
Problématiques soulevées
[edit]L’une des conventions présente une analyse intéressante. Elle laisse les présentations dépassées du numérique comme innovation à intégrer, pour relever deux problématiques à prendre en compte :
Les archivistes restituent au public leurs descriptions à travers des instruments de recherche et des bases de données, sous forme d’imprimés, et désormais sous format numérique, grâce aux sites institutionnels de leurs services. Les modes numériques ne donnent globalement pas entière satisfaction, au moins sur deux plans essentiels : leur efficacité intrinsèque, par exemple leurs insuffisantes qualités d’ergonomie ; leur capacité à aller à la rencontre de leurs publics potentiels, en effet si beaucoup de données sont mises en ligne, elles sont généralement enfouies dans le « web profond » exposées suivant une « logique métier » plus qu’utilisateur final et souvent sans véritable effort de mise en forme.
Conclusion
[edit]De nombreuses portes ont été ouvertes, et le sont encore plus ou moins. Très peu de collaborations ont été développées alors qu'elles ont été quantitativement multipliées ; simplement parce que ce n'était pas leur objectif ou qu'on ne savait pas en quoi les faire évoluer.
Or, plusieurs actions présentent des pistes pour faire perdurer et évoluer ces collaborations. Il faut désormais ouvrir des portes de la meilleure manière (de collaborations nouvelles ou renouvelées) et ne pas les laisser se refermer grâce à l'expérience apportée par ces précédentes actions, et imaginer les prochaines étapes. Pour cela, il faut éviter d'éparpiller nos efforts, prendre notre temps et s'attarder sur quelques collaborations pour les transformer en succès, et en faire des arguments pour de nouvelles collaborations. Un plan stratégique doit être conçu.