Wikimédia France/Régulation du numérique/Fausses informations
Le président de la République a annoncé en janvier 2018 son souhait de voir la France se doter d'une loi contre les fausses informations.
L'Allemagne s'est déjà dotée de cette loi obligeant les plateformes de plus de 2 millions d'utilisateurs à retirer sous 24 heures le contenu manifestement illégal dans les domaines du terrorisme, du racisme et des fake news sous peine de se voir infliger une amende de 50 millions d'euros. D'autres pays envisagent de se doter d'une loi anti-fake news : Suède, Irelande et République tchèque.
Texte
Selon la proposition de loi française, le juge des référés aura 48 heures au maximum pour déclarer si un contenu est manifestement faux. Cette procédure est restreinte aux périodes pré-électorales et électorales (pendant les trois mois précédant le premier jour du mois d'élections générales et jusqu'à la date du tour de scrutin). Pour censurer les contenus, le juge devra démontrer que le contenu :
- porte gravement atteinte à la sincérité du scrutin ;
- est inexact ou trompeur :
- et est diffusé de manière délibéré, artificiel ou automatisé et massive.
Ajout du Conseil constitutionnel : les allégations ou imputations mises en cause ne sauraient, sans que soit méconnue la liberté d'expression et de communication, justifier une telle mesure que si leur caractère inexact ou trompeur est manifeste. Il en est de même pour le risque d'altération de la sincérité du scrutin, qui doit également être manifeste.
Calendrier
- janvier 2018 : le président de la République annonce son souhait de voir la France se doter d'une loi contre les fausses informations.
- 21 mars 2018 : proposition de loi relative à la lutte contre les fausses informations déposée à l'Assemblée nationale[1][2]. Le gouvernement a engagé la procédure accélérée pour l'examen du texte (une seule lecture devant chaque assemblée).
- 20 avril 2018 : saisi par le président de l'Assemblée nationale, le Conseil d'État devrait rendre son avis sur le texte d'ici le 20 avril.
- 3 mai 2018 : audition de Pierre-Yves Beaudouin pour Wikimédia France
- 30 mai 2018 : examen du texte à l'Assemblée nationale, en commission des affaires culturelles[3].
- 3-4 juillet 2018 : vote de la loi par l'Assemblée nationale
- juillet 2018 : proposition de loi refusée par le Sénat
- 26 juillet 2018 : commissions mixtes paritaires ne sont pas parvenues à un accord
- 20 novembre 2018 : lecture définitive, texte adopté
- 20 décembre 2018 : le Conseil constitutionnel valide la loi en en limitant la portée
- 22 décembre 2018 : promulgation de la loi
- 31 janvier 2019 : décret désignant le tribunal de grande instance et la cour d'appel compétents
- 2 avril 2019 : audition par le CSA de Pierre-Yves Beaudouin et Nathalie Savary pour Wikimédia France dans le cadre de la mise en oeuvre de la loi contre la manipulation de l'information. Le CSA projette de publier une série de recommandations pour préciser les modalités d'application de la loi. Autres plateformes auditionnées : Snapchat, Twitter, Google, Dailymotion, Facebook et LinkedIn. Projet de recommendations
- 11 avril 2019 : décret fixant le seuil de nombre de consultations sur le territoire français au delà duquel la loi s'applique
Liens externes
- Loi contre la manipulation de l'information
- Loi n° 2018-1202 du 22 décembre 2018 relative à la lutte contre la manipulation de l'information
- Global crackdown on fake news raises censorship concerns, The Guardian
- Wikipedia Founder Says Internet Users Are Adrift In The 'Fake News' Era, NPR
- « Fake news » : « Ne pas céder à la moindre tentation de censure », Divina Frau-Meigs
- Proposition de loi fake news : attention, danger, communiqué du SPIIL
- Vérité sur les fausses nouvelles, Jean-Philippe Derosier
- Final report of the High Level Expert Group on Fake News and Online Disinformation, Commission européenne
- Débat sur fake news, les médias sont-ils malades ?
- Loi « fake news » : « Prévoir des garanties pour maintenir le pluralisme », Christophe Deloire (RSF), Antonio Casilli, Dominique Pradalié (SNJ), Mediapart
- Fake news : qui contrôlera les contrôleurs ?, débat entre Eric Chol (Courrier International), Tristan Mendès France, Fabrice Epelboin, Nicolas Hervé, Europe 1
- Table ronde sur les fake news, Benoît Tabaka (Google), Divina Frau-Meigs (universitaire), Bernard Benhamou, Samuel Laurent (Le Monde), Christophe Bigot (avocat), Hervé Brusini (France Télévisions), Sénat