User:Noé/Arguments sur une asso
Les paragraphes suivants sont quelques arguments écrits à la demande d'un membre du CA de Wikimédia France, par rapport au manque de confiance des membres vis-à-vis de la structure. Écrits le 9 juin 2017, ils ont n'ont pas été partagés sur la liste de diffusion à cause de la censure pratiquée sur celle-ci. Ils sont publiés publiquement ici. Si vous souhaitez réagir publiquement à ces différents points, vous êtes les bienvenus pour le faire en page de discussion.
Je ne me suis pas encore exprimé sur ce sujet, car je préfère construire la communauté de contributeurices du Wiktionnaire avec les participant-e-s aux wiktionnaires dans les autres langues, plutôt que la communauté à l'échelle du pays. Cette fois j'interviens, car plusieurs choses ne vont pas, d'après mon point de vue, et je ne l'ai pas vu exprimé par d'autres, alors je prends un peu de temps pour faire. Quelques prémisses : je n'ai pas lu l'ensemble des publications du CA, ne lis personne sur Tweeter, ne lis pas le bistrot de Wikipédia (hormis pour publier les Actualités du Wiktionnaire), ne connais personnellement aucun des membres du CA, bien que je les ai vu lors de la dernière assemblée générale.
Je considère que les projets wiki ont une structure anarchosyndicaliste. La structure permet une distribution des pouvoirs qui empêche au maximum la création d'une hiérarchie entre les participant-e-s ou la prise de décision par des élites. Dès lors, j'estime que les entités collectives qui souhaitent promouvoir ces projets devraient être structurées de la même manière, ce qui n'est pas le cas.
L'action de mise à disposition des connaissances librement par la rédaction et la structuration au sein d'outils en ligne, ce que l'on appelle contribuer, est une action politique, qui participe de l'éducation populaire. Je considère légitime la promotion de cette action politique précise, qui implique notamment l'aide aux participants et participantes, la promotion des résultats produits (des projets dans leurs ensembles comme des projets collectifs particuliers), l'explication de ses spécificités à des acteurs que l'on peut amener à contribuer (GLAM) . Je ne considère pas comme allant de soit le lobbying politique. Celui-ci n'a pas été décidé par la communauté, ni celle des contributeurices ni celle des adhérents à l'association. Dans les grands thèmes remontés à la dernière assemblée générale, le lobbying n'était qu'à peine évoqué (je n'ai plus un souvenir exact sur ce point), mais une large place lui a été donné à la tribune de l'assemblée, rapportant une action infructueuse de la part d'une salarié dont je doute que ce fut la mission. Je doute car je ne connais pas la fiche de poste des salariés, et j'ignore si elles sont publiquement connues, de même que les comptes précis de l'année écoulé, mais je m'égare. L'action de lobbying politique me paraît être menée par des personnes élues ou salariées qui font des choix stratégiques par leur volonté propre, sans avoir échangé préalablement avec des membres de l'association ni sans assurer de leur compétence pour se faire.
Je considère que les membres du CA d'une association qui se veut liée aux projets de partage de connaissance ne sont pas mandatés pour prendre toutes les décisions à la place des membres de l'association. Ils sont là pour se faire le relai et les aides des membres, pour organiser des réunions et rédiger des synthèses présentant les enjeux, et je reconnais sans mal et apprécie les efforts faits dans cette direction par les membres du CA, actuels comme passés. Dès qu'une personne se substitue aux gens qui lui ont donné un mandat et qu'elle décide à leur place, je vois un problème. Dans le cas de Wikimédia France, j'ai l'impression que la description du mandat d'élu au CA n'est pas suffisamment clair sur l'obligation des élus à participer à la démocratie dans la structure et que cette description ne correspond pas à ce que je souhaiterai.
Je considère que l'association doit être une chambre d'amplification pour des projets portés par des membres de l'association. Nous avions été en désaccord clair sur ce point avec Samuel lors des ateliers préparatoire au plan annuel qui avait suivis l'AG de l'automne. Samuel, élu au CA, souhaitait que l'association porte des grands mots d'ordre, des lignes directrices, des projets d'ampleur dont la réussite pourrait être mesurée à l'issue d'un temps donné. Bien qu'étant d'accord avec certaines thématiques choisies (féminisme, langues régionales, etc), je suis en désaccord sur leur inscription comme enjeux pour l'association. Je souhaite que le but de l'association soit plus ouvert vers ses membres et qu'il soit structurel plutôt que thématique.
Dans l'ensemble, je vois des élans de protections amicaux de part et d'autres, qui vont contre un débat d'arguments rationnels ou la sélection de personnes compétentes. Imaginez que sur le Wiktionnaire, la plupart des contributeurices ne se connaissent pas hors des écrans, il leur est ainsi bien plus facile de sélectionner une personne pour sa compétence que parce que c'est une personne sympa. Je ne suis pas convaincu que ce soit le cas au sein de l'association. La présence parmi les salariés et dans le CA de personnes entretenant des liens de proximité fort affaibli ma confiance dans la possibilité de choix liés à la pertinence des arguments pour eux-mêmes, ou dans le soutien à des idées plutôt qu'à des personnes. J'ignore les gardes-fous qui existent dans l'association pour prévenir les choix raisonnés, mais je n'ai vu que très peu de fois mentionné ce problème potentiel dans les échanges internes, et je ne suis pas convaincu que tous les participant-e-s à la structure soient conscient de ce potentiel biais, de cette potentielle fragilité de la structure.
Finalement, je ne suis pas convaincu que la centralisation parisienne soit optimale pour un Chapitre. Les activités menées localement sont très dépendantes des personnes et institutions et la distance amène un problème de transmission des débats locaux. La structure est très ascendante aujourd'hui, contrairement à la manière dont les projets wiki fonctionnent. Il me semble qu'une coordination de groupes indépendants qui s'adressent à leurs pairs selon des dynamiques locales mobiles et transfrontalières me paraîtrait plus adapté. Dans cette idée, les salariés feraient le lien entre les groupes, tout en restant au sein de ceux-ci, afin de rendre compte localement des bonnes pratiques observées ailleurs. En d'autres mots, ils agiraient comme facilitateurs plutôt que comme coordinateurs.
J'espère avoir exprimé mes idées de façon clair, mais je vous invite à me reprendre sur toutes parties incorrectes, tout en répondant si possible à mes prises de position. Je suis prêt à changer d'avis sur ma lecture de la situation actuelle de l'association. Mes souhaits d'une autre forme de structure demeureront sans doute, mais vous pouvez également discuter de ces points là si vous le souhaitez. Je préférerai néanmoins que nous restions sur la question des choix stratégiques de l'association et sur la structure en place actuellement.