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Election candidates 2006/ArnoLagrange/Réflexions/Fr

From Meta, a Wikimedia project coordination wiki

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Point à mi-chemin

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Le vote est ouvert depuis quelques jours et il va bientôt s'achever. Plusieurs personnes m'ont interpellé en m'interrogeant sur mes positions à propos de points précis et importants concernant la Fondation, son fonctionnement. Je ne veux pas y répondre à la légère et que plutôt que d'étudier chacun de ces points et de leurs implications, c'est-à-dire d'explorer par exemple quelles dicussions se sont déjà tenues dessus - avant de me prononcer, j'ai consacré mon temps et mon énergie à améliorer le multilinguisme dans l'interface de cette élection (voir mes contributions ici depuis le 2 août).

Par une sorte de réflexe wikipédien, plutôt que de tenir des positions théoriques, j'ai préféré travailler à mettre en pratique ce que je préconise : il s'agit de fournir au visiteur lambda une interface aussi propre que possible dans la langue de son choix, c'est-à-dire avec le minimum de liens en rouge et le maximum d'explications et de liens dans sa langue. Il s'agit aussi de faciliter le travail des traducteurs et la maintenance de l'ensemble des pages dans toutes les langues autant à jour que possible en appliquant le principe de modèles centralisés qui contiennent les infos (la liste de candidats, la liste des traductions de leurs proclamations, la liste des pages traduites, ...) et d'en assurer l'affichage dans les différentes langues par le biais de messages multilingues.

L'obstacle au multilinguisme est qu'il nécessite beaucoup de travail, c'est pourquoi il nous faut développer des outils qui allègent ce travail, et par conséquent accélèrent la circulation d'informations à jour. C'est un des reproches que l'on peut faire au multilinguisme : il est lent, pour une communication rapide l'utilisation d'une langue unique est plus appropriée et c'est pourquoi on y revient constamment : dès qu'il s'agit de communiquer dans l'urgence, pour une instance dirigeante où une consultation et une prise de décison doivent intervenir rapidement, la langue unique s'impose de fait. A l'heure actuelle c'est l'anglais qui joue ce rôle, et personnellement je joue le jeu aussi : je me suis laissé entraîner à essayer de discuter en anglais, j'ai correspondu en anglais avec divers wikipédiens (superviseurs, candidats, traducteurs, "wikipédiens de base") de divers pays (Japon, Allemagne, Suède, Pays-Bas, Angleterre, etc ). Mais j'ai pu avoir aussi des contacts en français, en allemand en espagnol et en espéranto : le choix se portant sur la langue où la communication passe le mieux.

Je pense l'avoir largement développé : ma critique de l'anglais ne tient pas tant à ce qu'il joue avec une certaine efficacité le rôle de langue internationale privilégiée (on m'a souvent reproché que critiquer cet usage de l'anglais mettait en péril la possibilité de communiquer à l'échelle internationale), mais comme je l'ai - sans doute déjà trop souvent - répété : que l'usage privilégié de l'anglais exclut tous ceux qui ne le maîtrisent pas ou insuffisamment. Le multilinguisme tente d'y remédier offrant les informations dans un choix de langues qui permet à un public plus large d'y accéder. Mais j'aimerais que l'on ne perde pas de vue qu'un véritable multilinguisme n'est pas cette forme passive à laquelle certains le réduisent : que les seules sources d'informations valables sont celles qui sont rédigées en anglais et que les autres langues ne peuvent que servir à traduire la source. Le véritable multilinguisme consiste à permettre à chacun de s'exprimer dans la langue de son choix et qu'à partir d'une source dans n'importe quelle langue, le message soit transmis dans les autres langues : c'est sortir d'un modèle centralisé où les ressortissants de certaines nations privilégiées (et les élites des autres nations qui ont pu accéder à la langue dominante à un niveau suffisant) sont les seuls qui peuvent s'exprimer et les autres réduits au rôle d'auditeur passif quand ce n'est pas de sourd.

Sincèrement je considère que le multilinguisme est un pis-aller - cependant préférable à l'usage unique de l'anglais -. Il me semble d'évidence que l'usage d'une langue neutre auxiliaire est de loin préférable. Mon choix personnel va clairement vers l'espéranto pour des raisons objectives que l'on peut argumenter solidement en plus de raisons personnelles : je connais l'espéranto et comme tous ceux qui le connaissent j'ai expérimenté l'avantage qu'il présente. Cette connaissance pratique et cette expérience réelle pèse un autre poids que toutes les batailles d'arguments dans lesquelles certains polémistes tentent de m'entraîner. Cependant, de la même façon que l'initiateur de l'espéranto (Zamenhof) a dit lui-même : nous sommes partisans d'une langue neutre auxiliaire, peu importe son nom et sa forme, ça peut être l'espéranto, ça peut être lojban, ça peut être volapük, l'essentiel est de s'entendre et d'arrêter son choix et de l'appliquer. ( AL  05:22, 7 September 2006 (UTC))[reply]

D'ailleurs je ne pense pas qu'une décision sur un tel point soit à prendre de haut et à imposer à la base. Tout au contraire il s'agit de lancer une vaste réflexion et de lancer un processus de résolution des problèmes qui passe autant par le développement d'outils appropriés - divers projets sont en maturation - que l'adoption de protocoles de communication à tous les niveaux. Le problème ne se pose pas seulement au niveau du Conseil d'Administration, où manifestement le monolinguisme tout-anglais a l'air de s'imposer comme une règle intangible et incontestée y compris par les candidats qui a l'exception de deux d'entre eux ont tous rédigé leur proclamation en anglais, y compris ceux dont ce n'est pas la langue maternelle.

Il se pose globalement à tous les niveaux de nos vastes communautés wikipédiennes multilingues qui sont un reflet d'un monde tout aussi multilingue. Certaines communautés se définissent autour de projets dans une langue donnée, mais elles sont ouvertes aux autres langues : des contributeurs dont ce n'est pas la langue y participent, et les contributeurs dont c'est la langue sont ouverts à ce qui se produit en dehors de leur projet. Certaines communautés se définissent autour de projets qui sont par vocation multilingue (meta, commons, WiktionaryZ, ...). Et clairement il n'y a d'autre frontière entre toutes ces communautés, que celles des barrières lingusitiques. Et c'est à ce niveau que se pose tout le problème du choix entre l'utilisation de l'anglais comme lingua franca, un multilinguisme plus ou moins fonctionnel ou l'extension de l'utilisation d'une langue auxiliaire neutre. Et encore une fois le problème ne se pose pas seulement dans le contexte présent mais dans une mise en perspective à long terme. Les défenseurs du tout-anglais ont beau jeu de me faire la preuve par neuf que l'anglais ça marche, que la science, le commerce, la diplomatie, l'informatique, internet et les projets Wikimedia fonctionnent parfaitement avec l'anglais qui est utilisé de façon incontestée par des gens originaires de tous les pays du monde et ayant pour langue maternelle les langues les plus diverses : c'est une tautologie. Du fait de la position dominante de l'anglais il se produit une sélection où seuls les utilisateurs avertis de l'anglais (natifs ou appartenant aux élites) apparaissent dans tous ces domaines : ce cercle privilégié se resserre sur lui-même et répond à toute personne qui tenterait de s'approcher du cercle :

  • Apprends à parler anglais aussi bien que nous ou tais-toi et écoute !
  • Comment !? tu te sens exclus ? bon ! nous sommes généreux, nous te ferons parvenir une traduction de notre divine parole qui te parviendra quand elle pourra. - cependant en cas de divergence entre la traduction que tu recevras et notre parole seul notre texte prévaudra -
  • Ha ? en plus , tu as quelque chose à dire !!!? alors dis-le en anglais, sinon, comment veux-tu qu'on puisse t'entendre ?
  • Comment ? tu ne sais pas t'exprimer en anglais et tu voudrais quand même qu'on prenne en compte ton point de vue ?
  • Bon ! soit ! mais, alors débrouille-toi pour te trouver un traducteur et tes réflexions pourront peut-être nous parvenir un jour.

Si ce mode de fonctionnement que je dépeins là est actuellement accepté dans les projets wikimedia, il ne me semble pas tenable à la longue. Les membres du monde du biznes, du monde de la science, et des cercles dirigeants politiques adhèrent sans réserve à la position dominante de l'anglais qui consolide leur propre position dominante dans la société. Même ceux dont ce n'est pas la langue maternelle jouent ce jeu de dupe car ils espèrent avoir par ce biais une miette du gateau, alors qu'ils seront toujours en position d'infériorité par rapport à un confrère anglophone de naissance.

J'ose espérer que ce mode fonctionnement ne sera pas durablement celui des projets wikimedia qui ont pour vocation de diffuser des savoirs par toutes les voies, de les rendre accessibles dans autant de langues que possible et par conséquent de rendre aussi accessible la conduite du développement du projet à chacun quel que soit la langue dans la langue où il peut s'exprimer.

Le sens de ma candidature n'est donc pas de vouloir siéger demain au Conseil d'Administration - sauf si c'était un moyen efficace pour faire évoluer significativement la situation linguistique dans les projets wikimedia, mais pour cela j'ai préféré travailler à faire progresser le multilinguisme de l'interface de l'élection à titre d'exemple -. Le sens de ma candidature est de poser la question, de susciter une réflexion, et de mettre en perspective une évolution du mode de fonctionnement de nos projets sur le plan de la communication linguistique.


Graphique mettant en évidence le poids de quelques langues au point de vue du nombre de locuteurs, du poids économique, des internautes et de Wikipédia. Figurent aussi les langues des candidats et des votants aux élections pour le Conseil d'Administration.

J'imagine qu'on pourra considérer que les voix qui se seront portées sur ma candidature seront celles de contributeurs qui partagent les préoccupations que j'expose et qui souhaitent qu'on y trouve des solutions appropriées. On peut aussi espérer que plus ces voix seront nombreuses plus elles seront entendues. Mais je ne me fais aucune illusion sur ce point, au vu de la surreprésentation de la communauté anglophone aussi bien parmi les votants, que parmi les candidats qui reflète cette même surreprésentation parmi les contributeurs, parmi les internautes, parmi les possesseurs d'ordinateurs, parmi les populations économiquement favorisées, j'entends surreprésentation par rapport à la population mondiale réelle.

Arno Lagrange  05:31, 10 September 2006 (UTC)[reply]


Représentation au CA de la Fondation

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Petite précison concernant la représentation des contributeurs des projets wikimedia au Conseil d'Administration de la Fondation : si Wikipédia a été initialisé aux Etats-Unis d'Amérique du Nord et que la Fondation y a établi son siège, il n'en reste pas moins qu'il s'agit maintenant d'un ensemble de projets dans près de deux cents langues, développés par des contributeurs habitant les pays le plus divers et parlant les langues les plus diverses, aujourd'hui déjà et encore plus demain. Dans le contexte de cette réalité, il me semblerait légitime que les contributeurs soient mieux et plus représentés en organisant s'il le faut des élections par collège de projets (par exemple : langues latines, langues germaniques, langues slaves, langues de l'Inde, ...). La légitimité de la Fondation repose sur l'ensemble de la communauté des contributeurs (redacteurs et donateurs) et n'a aucune raison d'être vue étroitement que comme une entité Etatsunienne, dans le contexte légal et culturel de cette seule partie du monde mais comme une entité de vocation mondiale dans un monde dont la diversité culturelle est immense, et dont toutes les sensibilités ont vocation d'être représentées.